victimes attentat

(Mercredi 16 octobre 2002 - 15h40)

DC-10 d'UTA: sept familles américaines poursuivent la Libye et Kadhafi

PARIS (AP) - A l'heure où le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin s'apprête à se rendre à Tripoli, les familles de sept Américains tués dans l'attentat commis le 19 septembre 1989 contre un DC-10 de la compagnie UTA doivent porter plainte ce mercredi devant la Cour fédérale de Washington contre la Libye et son dirigeant le colonel Moammar Kadhafi.
Une démarche qu'avaient également intentée en France les 311 membres de familles de victimes soutenus par SOS-Attentats et qui s'est heurtée à un refus de la Cour de cassation. Le 13 mars 2001, la plus haute juridiction française a en effet estimé que "le crime commis par un chef d'Etat en exercice, quelle que soit sa gravité, ne relève pas des exceptions à l'immunité".
Mais cette barrière n'existe plus aux Etats-Unis où le Congrès a amendé en 1996 la loi sur l'immunité des souverains (Foreign sovereign immunities Act) autorisant ainsi les procès contre les Etats étrangers qui ont commis ou aidé à commettre des actes terroristes ayant provoqué la mort ou des blessures de citoyens américains.
Les familles américaines, précise SOS-Attentats, réclament 2,2 milliards de dollars (2,24 milliards d'euros) de dommages et intérêts à l'Etat libyen.
L'avion d'UTA qui reliait Paris à Brazzaville a explosé le 19 septembre 1989 au-dessus du désert du Ténéré, tuant les 170 passagers et membres d'équipage. Cet attentat, et celui neuf mois plus tôt contre le vol 103 de la Pam Am au dessus de Lockerbie en Ecosse, avait entraîné des sanctions économiques des Nations unies contre la Libye fortement soupçonnée d'être à l'origine de ces actes terroristes.
Françoise Rudetzki a transmis l'ensemble du dossier d'instruction français -soit 35.000 pages de procédure- aux avocats américains. La déléguée générale de SOS-Attentats a toujours demandé que Moammar Kadhafi soit poursuivi personnellement, affirmant que le dirigeant libyen a commandité les attentats.
Le 10 mars 1999, la Cour d'assises de Paris a condamné par contumace six hauts fonctionnaires libyens, parmi lesquels Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi, à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur participation à l'attentat contre l'avion français.
"Nous voulons obtenir que la Libye livre les fonctionnaires condamnés. Il faut qu'il purgent leur peine soit en Libye soit ailleurs comme pour l'attentat de la Pan Am", a déclaré mercredi Mme Rudetzki.
Dominique de Villepin doit de son côté se rendre à Tripoli vendredi. Ce voyage présenté comme une "escale" du ministre français des Affaires étrangères en route pour le sommet de la francophonie à Beyrouth devait officialiser la normalisation des relations franco-libyennes entamée depuis la levée de l'embargo de l'ONU en 1999.
Ce déplacement précède la visite à Paris, lundi 21 octobre, du ministre des Affaires étrangères libyen, Abdel Rahmane Chalgham, qui vient assister à la première réunion de la commission mixte franco-libyenne depuis vingt ans.
Cet échange indigne les familles des victimes françaises qui ont annoncé leur intention de manifester lundi à 11h devant le Quai d'Orsay.
"Pour les familles de victimes beaucoup de questions restent sans réponse. Quel est le prix de l'impunité? Les intérêts économiques et commerciaux sont souvent éloignés des notions de justice élémentaires. Comment accepter la complaisance, le retrait des plaintes, les pardons, amnisties et autres impunités?", s'interroge SOS-Attentats dans un communiqué.
L'association a saisi l'année dernière la Cour européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg du refus de la justice française de poursuivre Moammar Kadhafi. Aucune décision n'est intervenue pour l'instant. AP
der/ll
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