victimes attentat

victimes attentat
(Mardi 22 octobre 2002)
La France renoue avec la Libye malgrès le drame du DC 10
DIPLOMATIE Les familles des victimes de l'attentat perpétré par la Libye ont protesté
hier contre ce rapprochement

Evidemment la Libye, riche pays pétrolier, est aujourd'hui l'un des rares d'Afrique à être solvable et payer cash. Alors, on se presse à sa porte.Il y a eu l'Italie, l'Allemagne ou encore la Grande-Bretagne. C'est maintenant au tour de la France avec la tenue, hier et ce matin à Paris, de la commission mixte franco-libyenne qui ne ne s'était pas tenue depuis vingt ans. Pour nous, les familles des victimes de l'attentat en 1989 contre le DC 10 de la compagnie française UTA qui a provoqué la mort de 170 personnes, c'est une grande amertume. »
Le cri est de Guillaume de Saint-Marc, fils de l'une des victimes françaises (ils étaient 53), de l'attentat contre le DC 10 Paris-Brazzaville, qui a explosé en plein vol au-dessus du désert du Ténéré. Son père, Jean-Henry, était directeur en Afrique de la société pétrolière française Total. Guillaume avait alors 13 ans.
Il s'était ensuivi une longue période de froid entre Paris et Tripoli accentuée par les constantes implications du colonel Kadhafi au Tchad. La catastrophe avait aussi entrainée des sanctions économiques de l'ONU contre la Libye soupçonnée d'être à l'origine de l'attentat.
Hier matin, Guülaume de Saint-Marc se trouvait en compagnie de 200 personnes à mi-chemin entre l'hôtel Raphaël et le Centre de conférences

international de l'avenue Kléber, arborant une longue banderole où figuraient les prénoms, les noms et l'âge des victimes. Au total 17 nationalités. Rappelant, au nom des victimes, que, pour la première fois, un tel acte de terrorisme commis par un Etat avait pu être jugé en France, lors d'un procès fleuve, il notait cependant, amer, « qu'aucun des six agents présumés des services secrets libyens mis en cause, dont le beau-frère du colonel Kadhafi,
condamnés par une cour d"assises française par contumace, n'avaient été arrêtés ».

La Libye multiplie les gages de respectabilité
« Aucun d'entre eux n'a purgé sa peine. Ni ici, en France, ni en Libye. Encore aujourd'hui, nous voulons faire entendre notre voix, celle des familles de victimes de ce terrorisme international, qui fait tant de mal, qu'il provienne des États, d'organisations ou de simples particuliers. » Et d'ajouter : « Dès que nous entendons le nom « Libye », nous sommes touchés au cœur. Nous n'arrivons pas à faire notre deuil. Moralement c'est très dur. » La Libye qui a déjà indemnisé très faiblement, a déclaré, ces derniers jours, vouloir faire plus et procéder « à une véritable réparation ».
Ce drame pèse peu en haut lieu à Paris,

en regard des relations politiques et économiques franco-libyennes. Depuis bientôt trois ans, la réconciliation entre Paria et Tripoli est une réalité. Elle a été amorcée par le président Jacques Chirac dont le colonel Kadhafi avait assuré, à l'époque, sur Canal + : « Dès l'arrivée au pouvoir de Jacques Chirac, nous avons su que tous les contentieux allaient être réglés. » Les responsables français, dont le ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui se trouvait vendredi à Tripoli, n'ont pas cessé de souligner que « Tripoli avait donné des gages de son renoncement ». L'embargo de l'ONU contre Tripoli a même été levé en 1999, grâce à l'appui des États-Unis, reconnaissant, eux aussi, le changement libyen.
L'an dernier, les échanges entre Paris et Tripoli ont presque doublé. Preuve de cette réconciliation... par les affaires. Il n'en reste pas moins, que Paris tient à avoir les meilleures relations possibles avec le colonel Kadhafi pour surveiller de près ce qu'il « trame » en Afrique. Le dirigeant libyen a largement déboursé auprès de ses pairs africains pour faire accepter son idée « d'Union africaine » qui a pris corps aujourd'hui. Il a donc l'écoute de tous sur le continent.
Julla FICATIER

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