victimes attentat

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(Dimanche 22 juin 2003)

« On n'oublie pas la Libye ! »

Une manifestation s'est déroulée, hier, à Paris, devant l'ambassade de Libye. Une quarantaine d'hommes et de femmes venus rappeler que 170 personnes ont été tuées, le 19 septembre 1989, dans l'attentat perpétré contre le DC 10 d'UTA, au-dessus du désert du Ténéré. Françoise Tenenbaum, commerçante à Nancy, avait un frère, Jean-Pierre Klein, parmi les victimes.

-Pourquoi cette manifestation, hier, à Paris ?

- Ma soeur et ma mère faisaient partie des manifestants. Personne ne les a évidemment reçus à l'ambassade de Libye. Chaque famille montrait la photo d'une victime. Mon frère Jean-Pierre avait 30 ans. Il était comédien et metteur en scène. Il revenait de Brazzaville. La troupe avec laquelle il travaillait avait pris l'avion la veille. Lui a suivi le lendemain. Ma mère et ma soeur ont manifesté pour montrer qu'on n'oublie pas ! Qu'on n'est pas prêt d'arrêter. C'est le seul pouvoir dont on dispose. Il faut continuer à faire pression sur la Libye, pays qui a été clairement défini comme étant le responsable de l'attentat. Deux associations y travaillent en parallèle : SOS Attentats, qui regroupe toutes les familles de victimes d'attentats, et les familles du DC 10 d'UTA, dont je fais partie.

- Pourquoi la manifestation a-t-elle eu lieu précisément hier ?

- Parce qu'à chaque fois qu'on parle de la Libye, on se rappelle à leur bon souvenir. Des contacts doivent avoir lieu très prochainement entre le ministre français des Affaires Etrangères et le gouvernement libyen. Nous ne voulons pas être oubliés. Nous ne voulons pas qu'on sacrifie les victimes du DC 10 sur l'autel de la normalisation des relations entre la France et la Libye. Une délégation des familles du DC 10 d'UTA a été reçue vendredi au Quai d'Orsay. Mais rien n'a encore été fait ! Quatorze ans après, rien n'a évolué...

- Que demandez-vous ?

- Qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures. Car l'Angleterre et les Etats-Unis ont réussi à obtenir un vrai procès contre les auteurs de l'attentat perpétré en 1988 contre le Boeing 747 de la Pan Am, au-dessus de Lockerbie. Avec de vraies indemnisations pour les familles des victimes. Tandis que les familles des victimes du DC 10 d'UTA n'ont eu qu'un procès par contumace. Certaines ayant touché des indemnités très légères. D'autres n'ayant rien eu du tout. Alors, on essaye, entre autres choses, d'attraper Kadhafi, qui est à l'origine de l'attentat. Ca été impossible au niveau français. On tente d'y parvenir au niveau européen. Par une procédure judiciaire en cours depuis deux ans. Et en rappelant qu'on est toujours là. Qu'on n'oublie pas...

Propos recueillis par Philippe MERCIER