victimes attentat

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(Mercredi 13 août 2003)

Attentat de Lockerbie : accord imminent entre Londres, Washington et Tripoli
La Libye serait prête à verser 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes du vol 103 de la Pan Am et à reconnaître sa responsabilité..


Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Libye se seraient mis d'accord, lundi 11 août à Londres, sur un projet d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, en 1988, selon des sources diplomatiques concordantes. Des détails pratiques resteraient à régler, mais l'accord devrait être annoncé cette semaine aux Nations unies après que les familles des victimes en auront été informées.
Selon cet accord, les autorités libyennes devraient adresser, d'ici la fin de la semaine, une lettre au Conseil de sécurité dans laquelle elles admettraient avoir organisé l'attaque contre le vol 103 de la Pan Am : le Boeing 747 avait explosé au-dessus du village écossais de Lockerbie, le 21 décembre 1988, tuant 259 personnes à bord et 11 autres au sol. Selon le Financial Times du mercredi 13 août, la Libye s'engagerait en outre à renoncer à soutenir le terrorisme.

Tripoli verserait 2,7 milliards de dollars d'indemnités aux familles des victimes, soit 10 millions de dollars par famille, versés au fur et à mesure de la réintégration de la Libye dans la communauté internationale. D'après le quotidien britannique, la somme serait déposée sur un compte bloqué en Suisse à la Banque pour les règlements internationaux. Quatre millions de dollars seraient remis à chaque famille à la levée des sanctions de l'ONU, 4 millions supplémentaires à la levée des sanctions américaines, et 2 millions quand la Libye ne figurera plus sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.

SANCTIONS SUSPENDUES

L'accord mènerait à la levée formelle des sanctions que les Nations unies ont adopté en 1992 et 1993 - embargo aérien et terrestre, interdiction de vendre certains équipements pétroliers - afin de pousser Tripoli à extrader deux Libyens soupçonnés d'être impliqués dans l'attentat. Ces sanctions ont été suspendues en avril 1999, mais non abandonnées, après la livraison par la Libye des deux suspects à un tribunal spécial écossais siégeant aux Pays-Bas. Abdel Basset Al-Megrahi, agent des services de renseignement libyens, avait été condamné en janvier 2001 à la prison à vie et son coaccusé acquitté.

L'accord présumé de Londres n'est pas à proprement parler une surprise. "Nous sommes proches d'un règlement", déclarait, lundi, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. La semaine dernière déjà, des responsables américains avaient indiqué que Tripoli pourrait accepter sa responsabilité dans l'attentat, dès jeudi 14 août, dans une lettre au Conseil de sécurité. Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a déclaré, ces derniers jours, au magazine Time puis à la chaîne américaine ABC, que le dossier était "sur le point d'être clos", tandis que les avocats des familles prévenaient leurs clients de l'imminence d'un accord.

En France, à l'annonce d'un éventuel règlement du dossier Lockerbie, l'association SOS Attentats, qui défend les familles des victimes du vol UTA 772 - qui a explosé au-dessus du désert du Ténéré, le 10 septembre 1989 - a réagi en appelant les autorités françaises à "obtenir du gouvernement libyen le versement d'indemnités comparables". Cent soixante-dix personnes avaient été tuées à bord de l'avion, qui avait décollé de Brazzaville à destination de Paris. -

(FT, AFP, Reuters.)
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.08.03

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