victimes attentat

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(Vendredi 15 août 2003)

LIBYE Les familles des victimes de l'attentat, qui provoqua en 1988 la chute d'un 747 surun village d'écosse, devraient percevoir une somme de 2,7 milliards de dollars
Lockerbie : Tripoli signe un accord d'indemnisation

Luc de Barochez

La Libye et les familles des victimes de l'attentat de Lockerbie ont signé avant-hier à Londres un accord prévoyant le versement conditionnel par Tripoli d'indemnités s'élevant au total à 2,7 milliards de dollars (1 dollar vaut 0,9 euro). La Libye de Mouammar Kadhafi s'engage à reconnaître sa responsabilité dans l'attentat, qui a fait 270 morts le 21 décembre 1988. Une bombe avait détruit en vol un Boeing 747 de la PanAm au-dessus du village de Lockerbie en Écosse. Les 259 personnes à bord avaient été tuées. Onze autres personnes étaient mortes au sol, fauchées par la chute de l'épave en feu.

Le montant des indemnités correspond à 10 millions de dollars par famille. La somme doit être partagée entre les ayants droit, selon une clé de répartition dépendant du lien de parenté, et après déduction des honoraires d'avocats et autres retenues obligatoires.

Le versement des paiements reste cependant conditionné à la satisfaction d'un certain nombre de revendications libyennes. Le montant total doit être viré dans les jours qui viennent par Tripoli sur un compte séquestre de la Banque des règlements internationaux. Ensuite, chaque famille recevra un premier versement de 4 millions de dollars, une fois que les sanctions imposées par l'ONU en 1992 à la Libye auront été abrogées.

Un second versement de 4 millions de dollars dépendra de la levée des sanctions unilatérales américaines contre ce pays. Un troisième et dernier versement de 2 millions de dollars sera effectué lorsque la Libye aura été rayée de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme. Si jamais les États-Unis ne prenaient pas, dans un délai de huit mois, ces deux dernières mesures, l'accord prévoit que les deux derniers versements seraient remplacés par un seul paiement limité à 1 million de dollars par famille.

Les ayants droit des victimes ont réservé un accueil mitigé à l'accord. Certains ont critiqué le fait que le régime de Mouammar Kadhafi, convaincu de soutien actif au terrorisme international, s'en sorte sans dommage. D'autres ont mis en doute le fait que la reconnaissance par la Libye de sa responsabilité dans l'attentat soit claire et nette.

Tripoli doit faire parvenir au Conseil de sécurité de l'ONU, dans les jours qui viennent, une lettre admettant avoir trempé dans le crime. Elle aurait reçu des assurances que cet aveu ne l'exposerait pas à des poursuites ultérieures. La lettre libyenne doit ouvrir la voie à la levée des sanctions onusiennes. Imposées en 1992, elles ont été suspendues sept ans plus tard, lorsque Tripoli a accepté de livrer deux suspects à la justice écossaise. Elles restent cependant officiellement en vigueur.La France, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, a fait savoir qu'elle s'opposerait à l'abrogation des sanctions, tant que les familles des victimes d'un attentat contre un avion de ligne français en 1989 n'auront pas été indemnisées correctement.

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