victimes attentat

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(Lundi 18 août 2003)

Paris maintient la pression sur Tripoli pour réévaluer l'indemnisation des familles des victimes du vol UTA 772

LE MONDE | 18.08.03 | 13h25


La France est engagée dans une course contre la montre pour obtenir de la Libye une réévaluation des indemnités accordées en 1999 (35 millions de dollars) aux familles des victimes de l'attentat contre le vol UTA 772 (170 morts, le 19 septembre 1989), avant que les Nations unies ne lèvent définitivement les sanctions prises contre Tripoli en 1992 et 1993.

Londres doit déposer, lundi 18 août, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, un projet de résolution abrogeant ces mesures punitives. Tripoli a reconnu, vendredi, dans une lettre remise au Conseil de sécurité, la responsabilité d'officiels libyens dans l'attentat de Lockerbie (270 morts le 21 décembre 1988, dans l'explosion en vol d'un Boeing 747 de la Pan Am), et a promis d'accorder "dans les jours à venir une compensation appropriée" (estimée à 2,7 milliards de dollars) aux familles des victimes.
"La Libye a répondu à toutes les exigences du Conseil de sécurité. Nous sommes donc favorables à la levée des sanctions par l'ONU", a affirmé, samedi, le ministre délégué au Foreign Office, Denis McShane.
Le vote de la résolution devrait intervenir "très bientôt", selon la présidence du Conseil de sécurité. Un délai de 24 heures minimum intervenant traditionnellement entre le dépôt officiel d'un projet de résolution et sa mise aux votes, Paris n'a guère de temps pour arracher un délai à Londres et Washington, ou une concession financière à Tripoli.

Le Quai d'Orsay s'y essayait pourtant une nouvelle fois ce week-end : les "contacts se poursuivent avec nos partenaires concernés dans l'objectif d'aboutir rapidement à un accord équitable", indiquait le ministère. Dominique de Villepin a eu des entretiens téléphoniques avec son homologue libyen, Abdel Rahman Chalgham, avec le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, et avec ses collègues allemand et britannique, Joschka Fischer et Jack Straw. "D'autres entretiens auront lieu", a précisé le Quai d'Orsay.
Néanmoins, samedi encore, Tripoli excluait catégoriquement de verser des indemnités supplémentaires à la France. "Ce dossier est définitivement clos. Nous avons conclu un accord avec les Français, et nous n'accepterons aucune sorte d'extorsion ou de chantage", a déclaré M. Chalgham sur la chaîne américaine CNN.

Guillaume de Saint-Marc, responsable d'un collectif de victimes du DC-10 qui négocie depuis plusieurs semaines avec Tripoli, se disait lundi "très serein", prêtant peu d'importance au " disque rayé de la rhétorique officielle". Il affirmait être "sur le point de faire signer à la Libye une réévaluation des indemnités". Quant au vote de la résolution, "il sera sans doute reporté. Dominique de Villepin est de plus en plus déterminé".

Yann Laurent (avec AFP, Reuters.)
o ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.08.03

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