victimes attentat

(Jeudi 11 septembre 2003, 19h56)

DC-10 UTA : un accord avec la Libye

Dominique de Villepin (à droite), avec Emmanuelle et Guillaume Denoix-de-Saint-Marc, représentants du collectif des familles de victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA. Les proches des victimes et la Fondation Kadhafi ont annoncé la signature d'un accord, ce qui lève l'opposition de la France à la levée des sanctions prises à l'encontre de Tripoli par les Nations unies, mais le règlement définitif du dossier ne devrait pas intervenir avant un mois.
/Photo prise le 11 septembre 2003/REUTERS/Jacky Naegelen

PARIS/TRIPOLI (Reuters) - Les proches des victimes du DC-10 d'UTA et la Fondation Kadhafi ont annoncé jeudi la signature d'un accord mais le règlement définitif du dossier ne devrait pas intervenir avant un mois.

L'accord annoncé, les autorités françaises ont immédiatement fait savoir qu'elles ne s'opposaient plus à la levée des sanctions prises à l'encontre de Tripoli par les Nations unies.

Lors d'une conférence de presse au Quai d'Orsay, Dominique de Villepin a précisé qu'il en avait informé ses homologues britannique et américain.

Paris menaçait ces dernières semaines d'opposer son veto au Conseil de sécurité faute d'indemnités "équitables" pour les familles des 170 victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, le 19 septembre 1989 au-dessus du désert du Ténéré, au Niger.

"Nous avons toujours dit que nous ne pensions pas que les sanctions étaient les bonnes méthodes", a déclaré Jean-Pierre Raffarin au terme d'un séminaire gouvernemental franco-britannique à Londres.

"Nous souhaitions des négociations (...) équitables. Il semble que nous soyons sur le point de voir ces conditions aujourd'hui réunies donc de voir la crise s'éloigner", a ajouté le Premier ministre.

Après plusieurs reports successifs, le vote devrait finalement se dérouler vendredi à New York.

Son issue ne fait pas de doute, les autres membres permanents du Conseil ayant fait savoir qu'ils étaient favorables à la résolution britannique.

Londres avait rédigé le texte dès le mois d'août après la signature d'un accord d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Libye.

Les sanctions - notamment un embargo sur les armes et la suspension de liaisons aériennes - avaient été imposées à la Libye en 1992 puis suspendues en 1999.

Après 14 ans de lutte, "nous pouvons percevoir une solution qui permette à un grand nombre de victimes d'en terminer avec le travail de deuil", a déclaré Me Francis Szpiner, avocat de l'association SOS-Attentats qui représente une partie des familles des victimes du DC-10.

"PEU IMPORTE LE MONTANT"

Dans un communiqué, l'association confirme qu'un accord définitif sera signé entre SOS-Attentats, le "collectif des familles des victimes du DC-10 en colère" et la Fondation Kadhafi dans un mois.

Aucun montant d'indemnisation n'a été évoqué jeudi, ni à Paris ni à Tripoli. De source libyenne, on a souligné que la somme et la date exacte du versement des indemnités seraient également annoncées dans un mois.

Pour les proches des 270 victimes de Lockerbie, Londres et Washington ont obtenu de la Libye la promesse d'une compensation 2,7 milliards de dollars. La France n'a quant à elle obtenu que 34 millions de dollars en 1999 et les familles se seraient vu récemment proposer entre 500.000 et un million de dollars supplémentaires par famille.

"On aurait préféré un accord complet mais c'est un accord partiel assez significatif", a expliqué à Reuters Guillaume Denoix de Saint Marc, président du collectif.

"C'est une victoire de la responsabilité et du pragmatisme. On ne va pas tout casser (en demandant plus), ça serait idiot", a-t-il ajouté.

"Quoi que la Libye verse, pour nous c'est la preuve qu'ils étaient responsables de l'attentat", a estimé pour sa part Françoise Tenembaum, qui a perdu son frère, Jean-Pierre Klein, dans l'explosion.

"Peu importe le montant de l'indemnisation. La seule chose importante, c'est cette reconnaissance", a-t-elle insisté.

Selon Valéry Denoix de Saint Marc, avocat du collectif, représentants français et libyens vont créer une fondation française "dont l'objet sera de reverser des indemnités aux familles".

L'accord, signé mercredi soir à Tripoli, prévoit également l'abandon des poursuites en cours contre la Libye et la "renonciation à toute poursuite civile ou pénale devant un tribunal français ou international découlant de cette catastrophe".

Les familles renoncent ainsi à toute nouvelle plainte et abandonneront un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme contre la décision de la justice française accordant une immunité pénale au colonel Kadhafi.

En revanche, le procès de 1999 à Paris, qui avait vu la condamnation par contumace de six Libyens, dont le beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, n'est pas remis en cause par l'accord, a-t-il précisé.

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