victimes attentat

(mardi 14 octobre 2003, 12h10)

DC-10: rencontre à Paris entre familles et représentants libyens

PARIS (AFP) - Une nouvelle rencontre doit se dérouler mardi en un lieu tenu secret à Paris, entre les représentants des familles de victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA en 19896 désireux de parvenir à un accord d'indemnisation définitive et les négociateurs libyens.

A la veille de cette rencontre, Tripoli a soufflé le chaud et le froid: les Libyens ont d'abord mis un terme, en milieu de matinée, à l'incertitude planant le lieu de la négociation. Une délégation de la Fondation Kadhafi doit "partir pour Paris cet après-midi afin de poursuivre les négociations", a annoncé Saleh Abdel Salam, directeur de cette fondation. Cette démarche a été interprétée comme "un signe positif" par les représentants des familles de victimes, peu enclins à effectuer un sixième déplacement à Tripoli comme le souhaitaient leurs interlocuteurs, après n'y avoir, ces dernières semaines, recueilli que de faibles avancées.

Dans l'après-midi, s'exprimant depuis Londres, Seif-al-Islam, fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a déclaré qu'il exhortait le président Chirac à intervenir pour débloquer les négociations entravées, selon lui, par le gouvernement français. Il a précisé qu'un accord en six points, tenu secret et "accepté par les Français", avait été conclu le 11 septembre dernier, lors de la dernière rencontre entre les deux parties. Aux termes de celui-ci, Tripoli s'était engagé à "payer au maximum un million de dollars par victime". Toutefois, a-t-il concédé, "nous disons aux Français: si vous avancez d'un pas dans l'application de l'accord, nous avancerons d'un pas de notre côté".

Le mois dernier, le Collectif des familles de victimes avait qualifié d'"inacceptable" la proposition "de principe" d'un million de dollars, très éloignée des 4 millions de dollars devant être alloués aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, qui a fait 270 victimes 1988 au-dessus de l'Ecosse, en vertu d'un accord signé en août dernier entre Tripoli, Londres et Washington. Le porte-parole du Collectif, Guillaume Denoix de Saint-Marc, n'a pas souhaité réagir lundi après-midi aux propos du directeur de la Fondation Kadhafi, à la veille d'une négociation difficile entre trois représentants des familles et trois ou quatre Libyens en un lieu tenu secret à Paris ou en proche banlieue, arguant seulement qu'il peut s'agir d'un "jeu de rapport de forces". Pour sa part, Jacques Chirac a mis en garde à deux reprises la Libye, lui rappelant d'abord ses engagements samedi à Rabat, où il a fait valoir que les discussions avaient abouti à "un engagement", que le dirigeant libyen Mouammar Khadafi lui avait "clairement" confirmé au cours de deux conversations téléphoniques.

Si ces engagements n'étaient pas tenus, la France en tirerait des conséquences "sans agressivité et sans faiblesse", a-t-il prévenu au dernier jour de sa visite au Maroc. Il a ajouté dimanche soir à Paris que s'ils ne l'étaient pas "la France devra en tenir compte dans sa position". Compte-tenu de l'engagement des Libyens à conclure les négociations dans un délai d'un mois, la France n'avait pas mis son veto le 12 septembre dernier à la levée des sanctions de l'ONU frappant la Libye depuis 1992. La présidente de SOS attentats Françoise Rudetzki a pour sa part émis le voeu lundi que l'on "aborde le vif du sujet", et elle a souhaité que l'on "soumette aux familles" les propositions. L'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 avait fait 170 morts de 17 nationalités, dont 54 Français, au-dessus du désert du Ténéré (Niger).

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