victimes attentat

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(Jeudi 4 décembre 2003)

TUNISIE Le président a entamé une visite d'Etat de trois jours, qui sera suivie d'un sommet entre le sud de l'Europe et le Maghreb

Chirac rend hommage au «miracle tunisien»

Le président français a déclaré hier soir avoir évoqué avec son homologue tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, le cas de l'avocate Radia Nasraoui, en grève de la faim, mais a minimisé les atteintes aux droits de l'homme en Tunisie.

Tunis : de notre envoyé spécial Pierre Rousselin

Au premier jour de sa visite d'Etat à Tunis, Jacques Chirac a rendu hommage hier au «miracle tunisien» et à la «réussite» économique et sociale du président Zine el-Abidine Ben Ali, et s'est attaché à minimiser la controverse sur les droits de l'homme.

«Le premier des droits de l'homme, a relevé le président de la République lors d'une conférence de presse, c'est de manger, d'être soigné et de recevoir une éducation, et d'avoir un habitat. De ce point de vue, la Tunisie est très en avance sur beaucoup d'autres pays. Nous avons chacun nos critères d'appréciation, et je souhaite que le caractère libéral et respectueux des libertés soit de plus en plus affirmé. Ce dont je ne doute pas, d'ailleurs.» Le président de la République a indiqué qu'il avait évoqué avec le président Ben Ali le cas de l'avocate Radia Nasraoui, en grève de la faim depuis le 15 octobre. Il a émis l'espoir que «cette affaire trouve rapidement une issue» et a souligné que des grèves de la faim avaient lieu «aussi en France».

Lors du dîner officiel, Jacques Chirac s'est ensuite adressé à son hôte pour rendre hommage au «miracle tunisien», et pour «saluer la réussite de (son) action au service des Tunisiens. En désamorçant la frustration et le sentiment d'injustice, elle constitue le meilleur antidote aux poisons de notre temps que sont le fanatisme et l'extrémisme». «Vous avez fait reculer la pauvreté et l'exclusion, ouvrant ainsi la voie au renforcement de l'Etat de droit et à la consolidation de la démocratie. Car, comme la modernisation, l'aspiration démocratique est de tous les lieux et de tous les temps.»

Arrivé en retard sur le programme, à cause de l'arrêt qu'il avait fait à Marseille pour s'enquérir du sort des victimes des inondations, Jacques Chirac était encore impressionné par «la mobilisation tout à fait remarquable» à laquelle il avait assisté dans le sud de la France. Le chef de l'Etat a dû renoncer au bain de foule qui était prévu le long de l'avenue Habib Bourguiba, au centre de Tunis, et qui devait être l'occasion de vérifier sa popularité auprès de la population des pays arabes, déjà manifeste lors de ses visites d'Etat en Algérie, en mars dernier, et au Maroc, en octobre.

Le chef de l'Etat et Mme Bernadette Chirac ont dû se contenter d'une réception très protocolaire à l'aéroport. La présence de Claudia Cardinale, «ravie de revenir au pays», et celle d'une importante délégation d'hommes d'affaires témoignaient cependant de la proximité entre les deux pays.

La visite d'Etat sera suivie d'un sommet du «Dialogue 5 + 5» entre les pays de l'Europe du Sud (France, Espagne, Italie, Portugal et Malte) et les pays d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie). Ce sommet, le premier du genre, doit évoquer l'immigration clandestine et la lutte contre le terrorisme. Il risque d'être marqué par le différend franco-libyen à propos de l'indemnisation des victimes de l'attentat contre le DC 10 d'UTA, en 1989. Alors que les familles des victimes ont annoncé que les Libyens avaient rompu les négociations et ont demandé à M. Chirac d'intervenir auprès de Mouammar Kadhafi, le président s'est montré optimiste. Il a appelé de ses voeux «une solution honorable pour chacun». «Je souhaite qu'on y arrive, et je pense qu'on y arrivera», a-t-il dit.

Jacques Chirac n'a pas pris ombrage de la tournée éclair entreprise au Maghreb au même moment par le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. «Je n'y vois aucune espèce de concurrence mais une sorte de complémentarité», a-t-il dit, en exprimant l'espoir que les Etats-Unis puissent aider, comme la France et l'Europe, à l'unification du Maghreb.

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