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(vendredi 9 janvier 2004, 20h15)

DC-10 d'UTA: la Libye va indemniser les victimes


PARIS (AP) - Quinze ans après l'attentat, la Libye va indemniser les familles des 170 victimes du DC-10 d'UTA, détruit en plein vol en 1989. La Fondation Kadhafi et le Collectif des familles ont signé vendredi à Paris un accord d'indemnisation à hauteur d'un million de dollars par victime.

Les autorités françaises et libyennes se sont réjouies de cet accord qui devrait permettre une normalisation des relations entre les deux pays. Quelques heures après sa signature, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abderrahmane Chalgham en visite officielle à Paris, a rencontré successivement son homologue Dominique de Villepin et le président de la République Jacques Chirac.

Lors de l'entretien avec le ministre libyen, M. Chirac s'est dit "heureux du règlement du contentieux" lié à l'affaire du DC-10 d'UTA, a déclaré la porte-parole du président de la République, Catherine Colonna. Le chef de l'Etat, au cours de cette entrevue d'un peu plus d'une demi-heure, a exprimé "l'espoir que l'année 2004 soit l'année de la reprise des relations cordiales et confiantes entre la Libye et la France" a également rapporté Catherine Colonna.

Abderrahmane Chalgham a pour sa part déclaré aux journalistes: "Aujourd'hui, l'affaire de l'UTA est derrière nous. Nous considérons que nous allons prendre un nouveau départ dans les relations bilatérales dans tous les domaines entre la France et la Libye".

Guillaume Denoix de Saint Marc, le porte-parole du collectif des familles des victimes de 18 nationalités (dont 54 Français), a lui affirmé qu'"en montant net" les indemnités perçues par les familles étaient "tout à fait comparables" à celles versées par la Libye en compensation de l'attentat contre un avion de la PanAm au-dessus de Lockerbie en Ecosse.

L'accord franco-libyen prévoit une somme totale de 170 millions de dollars devant être versée sur six mois à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Celle-ci va créer une fondation, dont le but sera de vérifier les liens de parenté et de répartir les fonds entre les membres de chaque famille.

Un premier versement de 42,5 millions de dollars a été déposé et certifié vendredi par la CDC. Selon M. Denoix de Saint Marc, les premiers versements aux bénéficiaires ne devraient pas intervenir "avant huit mois".

En contrepartie, les familles qui percevront les indemnités devront renoncer à toute procédure contre la Libye ou des citoyens libyens dans le cadre de cette affaire.

Lors d'un point presse commun au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, et son homologue libyen, Abderrahmane Chalgham, ont affirmé que cette indemnisation contribuait "à un règlement définitif de ce drame et à mettre un terme à toute réclamation ultérieure afin que s'ouvre à présent un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales".

"L'ensemble de notre relation entre la France et la Libye va bénéficier d'une nouvelle dynamique, c'est une nouvelle étape qui s'ouvre. Nous mènerons en particulier un dialogue politique approfondi en faveur de la paix et notamment en faveur du développement du continent africain", a déclaré Dominique de Villepin.

Concernant la condamnation par contumace, en mars 1999 par la justice française, de six Libyens, à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur implication dans l'attentat, le chef de la diplomatie française a déclaré que la signature de l'accord ne modifiait en rien "les mandats d'arrêt internationaux" dont ils font l'objet et qui "demeurent valables en ce qui concerne la France".

Le chef de la diplomatie libyenne a insisté pour sa part sur l'importance de développer un partenariat économique avec la France, affirmant que l'affaire d'UTA était devenue "un prétexte au renforcement des relations entre la France et la Libye et non plus une cause d'affaiblissement de ces relations". "Nous voulons un partenariat économique avec vous".

Chez les familles, l'heure était à la satisfaction. Après 14 ans d'épreuve, "nous allons pouvoir avancer sur la voie de l'apaisement et de la sérénité", a déclaré Brigitte Moret, dont la soeur, hôtesse de l'air, est morte dans l'attentat. Guillaume Denoix de Saint Marc a confié à l'AP qu'il souhaitait se rendre avec les familles sur les lieux de l'attentat, "idéalement le 19 septembre 2004", date du 15e anniversaire du drame.

"C'est vrai que l'argent ne peut pas remplacer les parents que nous avons perdus. Mais il s'agit quand même d'un geste et d'une réparation appréciable pour les familles", a déclaré pour sa part le général Norbert Dabira, porte-parole des familles des 49 victimes congolaises, qui a lui-même perdu son fils.

Tout en regrettant que Tripoli ne reconnaisse par formellement sa responsabilité dans la destruction criminelle du DC-10 d'UTA, le collectif des familles des victimes africaines "salue l'accord signé entre le gouvernement français et libyen (...) permettant ainsi de rendre justice aux familles de toutes les victimes sans discrimination".

AP
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