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(Jeudi 25 novembre 2004, 14h17)

Libye: après les retrouvailles, Jacques Chirac parle affaires

par Christine Ollivier

TRIPOLI (AP) - Après près de dix ans d'embargo, la Libye est un »marché prometteur». C'est fort de ce constat que Jacques Chirac a appelé jeudi les entreprises françaises à investir dans ce pays, alors qu'il achevait sa première visite officielle à Tripoli.

Le président français s'est ensuite envolé pour Ouagadougou (Burkina Faso), où il devait participer au 10e sommet de la francophonie, vendredi et samedi.

»La France attache beaucoup de prix, maintenant que son développement est rendu possible par les choix faits par la Libye, à sa coopération politique, culturelle et économique» avec Tripoli, a souligné Jacques Chirac lors d'une conférence de presse à l'hôtel Corinthia de la capitale libyenne. «Plus rien maintenant n'empêche ce développement», s'est-il félicité.

En renonçant aux armes de destruction massive et en indemnisant les victimes du terrorisme, notamment celles de l'attentat contre le DC10 d'UTA, Tripoli «a fait les gestes nécessaires pour tourner la page d'un passé qui a laissé des souvenirs douloureux», a souligné le président français. La Libye «a fait le choix de la main tendue» et «toutes les conditions sont désormais réunies pour ouvrir un nouveau chapitre» des relations franco-libyennes.

Sur le plan politique, «la Libye a une vocation naturelle à être un élément de paix et de stabilité pour la région», a-t-il assuré.

Cinq accords ont été signés jeudi entre Français et Libyens, dont deux arrangements administratifs concernant Thalès et EADS, et un protocole d'association du groupe français Vinci avec une entreprise libyenne dans le cadre de la construction d'une grande rivière artificielle de 4.000 kilomètres. Celle-ci doit faire venir de l'eau fossile, piégée sous le désert, vers les côtes. Un accord sur le tourisme a également été conclu, ainsi qu'une coopération entre les universités de Poitiers et de Tripoli sur des projets de recherche en paléontologie.

Alors que les dernières sanctions qui pesaient contre la Libye n'ont été levées qu'en janvier dernier, les gros contrats restent encore à venir. Les besoins de la Libye, soumise depuis 1991 aux sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, sont potentiellement énormes. D'où l'intérêt manifesté par les pays occidentaux qui se sont succédé depuis quelques mois à Tripoli, et se livrent désormais à une concurrence acharnée.

Parmi les marchés «prometteurs», la France s'intéresse en particulier au secteur pétrolier, au moment où la Libye a l'ambition de doubler sa production en cinq ans. «Bien entendu, la France sera candidate à s'associer (à ce projet, NDLR) et je ne doute pas que la Libye prendra les décisions les plus conformes à son intérêt», a expliqué Jacques Chirac. Le PDG de Total, Thierry Desmarest, faisait d'ailleurs partie des chefs d'entreprise qui l'accompagnaient dans son voyage.

De son côté, Thalès est en négociation pour la couverture radar nationale et la surveillance côtière de la Libye. Outre la vente éventuelle de Mirages, le groupe s'intéresse aussi aux contrats de maintenance des avions militaires existants, marché sur lequel la concurrence est féroce. L'embargo sur les armes vendues à la Libye a été levé le 12 octobre dernier.

En revanche, la question d'éventuels transferts de technologie de la France vers la Libye en matière de nucléaire civil «n'est pas d'actualité», a affirmé le président français. «Il n'y a pas de démarche de cette nature», a-t-il souligné.

Dans ce contexte, Jacques Chirac n'a pas évoqué jeudi les critiques exprimées récemment par le colonel Kadhafi au sujet de l'intervention de l'armée française en Côte d'Ivoire. Il a au contraire «remercié» le «guide» libyen pour «ses efforts constructifs» pour résoudre les crises au Darfour et en Côte d'Ivoire.

Le président Chirac n'a même vu aucun inconvénient à avoir été entraîné la veille par son hôte, devant des responsables français un peu surpris, à l'intérieur du bâtiment détruit en 1986 par des frappes américaines dans l'enceinte du Palais Bab Azizia. «C'est une tradition et tous les hôtes officiels sont conduits à cet endroit (...) J'ai fait comme tout le monde.»

Interrogé sur la situation au Proche-Orient, il s'est par ailleurs félicité d'un «certain réengagement américain» dans cette région. »J'ai observé avec satisfaction l'engagement des Américains de soutenir clairement l'organisation d'élections libres» dans les territoires palestiniens, a-t-il déclaré, y voyant «un signe positif».

AP
co/tl

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