victimes attentat

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(Jeudi 25 novembre 2004)

En "amis", la France et la Libye renouent le dialogue et vont coopérer

LEMONDE.FR | 25.11.04 | 07h39

En visite à Tripoli, le président de la République, Jacques Chirac, a évoqué mercredi 24 novembre les attentats contre le DC-10 d'UTA, de Lockerbie et de la discothèque berlinoise "la Belle", et il a a estimé que ces affaires avaient connu "un dénouement, au terme de beaucoup d'efforts et de persévérance, et dans le respect de la mémoire des victimes".

Le président français, Jacques Chirac, était mercredi 24 novembre à Tripoli pour 24 heures pour sceller la réconciliation entre la France et une Libye ayant renoncé au terrorisme, et tenter de profiter de l'ouverture économique de ce pays riche en pétrole.

Premier président français à se rendre en Libye depuis l'indépendance de ce pays en 1951, M. Chirac a été reçu en "ami" par le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. Il a exprimé dans la capitale libyenne la volonté de "reconstruire un dialogue fort et d'établir un vrai partenariat" avec la Libye après des années de "fortes turbulences".

Après son arrivée en fin d'après-midi à l'aéroport militaire de Matouga, le président français s'est rendu au "palais" de Bab Aziziya.

Après les honneurs militaires rendus par une unité militaire, le colonel Kadhafi a guidé M. Chirac et sa délégation dans les décombres de ce bâtiment, marchant au milieu des gravats, dans la bousculade.

Ce bâtiment de deux étages est pieusement conservé à l'état de ruines par les Libyens en souvenir du bombardement américain pendant lequel une fille adoptive du dirigeant libyen avait été tuée.

Puis il a été reçu par le colonel Kadhafi, habillé de son manteau brun traditionnel, sous sa tente plantée au-milieu d'une grande pelouse.

UN PROGRAMME CIVIL SOUMIS AUX CONTRÔLES DE L'AIEA

Pendant cette rencontre de trois quarts d'heure, M. Kadhafi a fait valoir que puisque la Libye avait renoncé aux armes de destruction massive, "elle souhaitait que des transferts de technologie lui permettent de développer son industrie civile dans un but pacifique", a indiqué M. Bonnafont.

Interrogé pour savoir si ces transferts de technologie pouvaient concerner le nucléaire civil, M. Bonnafont a rappelé que "la France était ouverte aux transferts de technologie envers tous les pays qui respectent les normes du droit international, en particulier en matière de non-prolifération".

Le porte-parole a ajouté que "la France (était) prête à coopérer à un programme civil soumis aux contrôles de l'AIEA", l'Agence internationale de l'énergie atomique chargée d'empêcher les pays dotés d'une industrie nucléaire civile de développer des programmes militaires.

M. Chirac a aussi souhaité établir "un partenariat politique régulier" entre la France et la Libye pour discuter des crises en Afrique mais aussi de questions de sécurité comme la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, a rapporté M. Bonnafont.

Le président français a également souhaité développer les relations économiques "dans les domaines de l'énergie, de l'aéronautique ou des télécommunications", ainsi que la coopération culturelle, a ajouté le porte-parole.

Devant 200 français réunis à la résidence de l'ambassadeur de France, M. Chirac a déclaré que sa visite illustrait "la volonté conjointe de nos deux pays de se tourner désormais ensemble vers l'avenir".

Evoquant les attentats contre le DC-10 d'UTA, de Lockerbie et de la discothèque berlinoise "la Belle", M. Chirac a fait référence aux accords d'indemnisation des victimes signés par Tripoli et a estimé que ces affaires avaient connu "un dénouement, au terme de beaucoup d'efforts et de persévérance, et dans le respect de la mémoire des victimes".

M. CHIRAC ACCOMPAGNÉ DE 20 CHEFS D'ENTREPRISE

Pour le premier ministre libyen, Choukri Ghanem, la visite de M. Chirac, qui devait durer 24 heures vient "sceller la normalisation entre les deux pays après le règlement de tous les problèmes en suspens".

Mais malgré la volonté commune de tourner la page, M. Kadhafi a lancé aux autorités françaises dans un entretien publié mercredi par le Figaro que "c'était une erreur d'intervenir en Côte d'Ivoire" et cela risque d'avoir "une influence négative sur les relations afro-françaises".

A l'occasion de la visite de M. Chirac, les grandes artères du bord de mer de la capitale étaient pavoisées de drapeaux tricolores français et verts libyens. D'immenses affiches représentaient aussi de hauts faits de la Révolution française de 1789.

M. Chirac devait être mercredi soir l'hôte d'un dîner donné en son honneur par le colonel Kadhafi, qu'il devait retrouver jeudi 25 novembre au matin pour un nouvel entretien.

Depuis que Tripoli a annoncé avoir renoncé au terrorisme et aux armes de destruction massive, les Européens sont venus en nombre à Tripoli, notamment le Britannique Tony Blair, l'Italien Silvio Berlusconi et l'Allemand Gerhard Schröder.

Pour M. Ghanem, la visite de M. Chirac témoigne de la volonté de la France de renforcer sa coopération avec la Libye, "surtout dans les domaines économiques et pétrolier".

La France est soucieuse d'obtenir une part du marché pétrolier libyen aujourd'hui dominé par les Américains, au moment où Tripoli veut doubler sa production pour atteindre 3 millions de barils/ jour en 2010, ce qui nécessite des investissements de 30 milliards de dollars d'ici à cette date.

M. Chirac était ainsi accompagné par une vingtaine de chefs d'entreprise, dont les PDG du groupe pétrolier Total, de Gaz de France et du groupe d'électronique de défense Thalès.

Il quittera Tripoli jeudi à la mi-journée pour se rendre à Ouagadougou, au dixième sommet de la Francophonie qui sera dominé par la crise en Côte d'Ivoire.

Avec AFP

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